Des milliers d'études ont exploré les effets du sodium sur la santé : comparaison entre la consommation de sodium et la santé selon les pays (études écologiques), études rétrospectives comparant des personnes souffrant de maladies cardiaques ou de cancer de l'estomac avec des sujets sains (études cas témoins), études de suivi à long terme (études observationnelles prospectives), expériences dans lesquelles un groupe de personnes consommaient moins de sodium que l'autre groupe (essais contrôlés randomisés), études en laboratoire sur les effets du sodium sur les cellules et les tissus. Tous ces efforts ont abouti à un large consensus sur les connexions entre le sodium et la santé.
Sel et système cardiovasculaire
La grande majorité des recherches menées sur les liens entre consommation de sodium et santé se sont concentrées sur l'hypertension artérielle, l’accident vasculaire cérébral, la maladie cardiaque et l'insuffisance cardiaque. La majorité des études montrent que la pression artérielle augmente avec la quantité de sodium dans l'alimentation, et que la réduction du sodium abaisse les maladies cardiovasculaires et la mortalité prématurée à long terme. Plusieurs méta-analyses (résumé statistique des résultats d’études) ont été effectuées sur des études portant sur l'apport en sel et la pression artérielle. La plus grande et la plus récente d'entre elles a été menée par une équipe de l'université de l'école médicale de Naples en Italie et de l'Université de Warwick en Angleterre (1). Ils ont mis en commun les résultats de 13 études de cohorte (études portant sur 2 groupes d’individus différents) qui ont inclus 177 025 hommes et femmes qui ont été suivis entre 42 mois à 19 ans. Au cours du suivi, plus de 11 000 des participants ont connu une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, développé une autre forme de maladie cardiovasculaire, ou sont morts de maladie cardiovasculaire. L'apport en sel plus élevé a été associé à une augmentation de 23% des accidents vasculaires cérébraux et une augmentation de 14 % dans les maladies cardiaques.
Sel et os
Plus vous consommez de sel, plus le corps évacue de calcium par les urines. Si vous manquez de calcium, le corps complète ses besoins en prélevant dans les os. Donc, une alimentation riche en sodium pourrait avoir un effet indésirable supplémentaire, à savoir la fragilisation des os, plus connue sous le nom d’ostéoporose (2). Une étude chez des femmes post-ménopausées a montré que la perte de la densité osseuse de la hanche sur deux ans était plus liée à l'excrétion de sodium urinaire qu’à l'apport en calcium (3). D'autres études ont montré que la réduction de la consommation de sel favorisait un bilan calcique positif (calcium disponible supérieur aux besoins) suggérant que la réduction de l'apport en sel pourrait ralentir la perte de calcium des os qui survient avec l'âge.
Moyens d'action
Il est certain que l'abondance de sel dans notre alimentation est un tueur silencieux, responsable de milliers de morts chaque année. La vraie question est de savoir ce qui peut être fait pour aider les gens à réduire leur consommation. La réponse est simple. Il est nécessaire de mettre en place une action concertée entre quatre groupes d’acteurs aux intérêts divergents : les particuliers, les professionnels de santé, les entreprises de l’agro-alimentaire et les gouvernements. La volonté du grand public peut avoir des effets substantiels sur la teneur en sel des aliments.
- En Finlande, un programme d’information dirigé par le gouvernement, une loi sur l’étiquetage des quantités de sel et de sodium ainsi que la pression sur l'industrie agro-alimentaire a conduit à une réduction de 30 % de l'apport en sel généralement constaté (qui est passé de 12 à 9 g/par jour).
- Au Royaume-Uni, un partenariat entre un groupe d'action scientifique appelé Consensus Action on Health and Science (CASH) et le ministère Britannique de la Santé a conduit à une réduction de 20 à 30 % de la teneur en sel des aliments transformés vendus dans les supermarchés.
- Aux États-Unis, une étude menée par RAND Corporation a estimé ce qui se passerait si la consommation moyenne journalière de sodium atteignait les 2,3 g. Selon ce modèle, ce changement permettrait d'éviter 11 millions de cas d'hypertension artérielle et d'économiser 18 milliards de dollars de frais médicaux chaque année (4).
Des réductions de cet ordre de grandeur dans les pays moins développés, où l'excès de sel est un vrai problème, pourrait avoir un impact encore plus important.
Sources : Harvard School of public Health. References :(1) Strazzullo P, D’Elia L, Kandala NB, Cappuccio FP. Salt intake, stroke, and cardiovascular disease: meta-analysis of prospective studies. BMJ. 2009; 339:b4567. (2) He FJ, MacGregor GA. A comprehensive review on salt and health and current experience of worldwide salt reduction programmes. J Hum Hypertens. 2009; 23:363-84. (3) Devine A, Criddle RA, Dick IM, Kerr DA, Prince RL. A longitudinal study of the effect of sodium and calcium intakes on regional bone density in postmenopausal women. Am J Clin Nutr. 1995; 62:740-5. (4)Palar K, Sturm R. Potential societal savings from reduced sodium consumption in the U.S. adult population. Am J Health Promot 2009; 24:49-57.